Bonjour et bienvenue dans ce 2ème épisode dans lequel je m’apprête à vous parler de l’utilisation des pictos avec votre enfant.
Mais avant j’aimerais vous remercier des très jolis commentaires, retours et partages que j’ai pu recevoir sur l’épisode 0 et l’épisode 1. Cela m’encourage à continuer alors vraiment, un grand merci !
Passons au sujet du jour, les pictos !
Pour commencer, faisons un petit rappel de ce qu’est un pictogramme.
Un pictogramme est un dessin figuratif, un symbole ou une représentation graphique qui sert à expliciter un objet ou un message. Les pictos servent donc à indiquer, signaler, avertir, obliger ou interdire. On peut par exemple les retrouver :
- sur les panneaux routiers,
- sur les emballages alimentaires,
- dans les lieux recevant du public comme dans les ascenseurs, les restaurants, les toilettes
- et aussi sur les étiquettes des vêtements.
Les pictogrammes sont donc partout autour de nous.
En quoi les pictogrammes vont aider un enfant ou une personne autiste, même si celle-ci est verbale ?
Il faut savoir qu’une personne présentant des troubles du spectres autistiques éprouvent plusieurs difficultés liées à son handicap. Ces difficultés peuvent être :
- difficultés à se repérer dans le temps,
- difficultés à estimer les durées,
- difficultés à enchaîner des actions et des routines,
- des troubles de l’attention,
- difficultés de communication, à se faire comprendre ou à comprendre les consignes,
- intolérance plus ou moins forte au changement.
Les pictogrammes vont donc lui permettre d’anticiper les changements dans les routines, l’aider à mieux comprendre certaines situations et diminuer son anxiété et donc ses troubles du comportement. De plus, très souvent, les personnes avec troubles du spectre autistique ont une très bonne mémoire visuelle et arrivent à mieux intégrer et apprendre grâce à des supports visuels.
Par exemple, quand Ouistico avait trois ans et qu’il venait de rentrer en petite section de maternelle, nous nous sommes rendus compte que tous les changements, le passage à l’école, et l’emploi du temps qui changeait chaque jour étaient une grande source d’angoisse pour lui. Durant les 4 premiers mois de cette première année de maternelle, nous avions droit à des crises tous les midis en rentrant de l’école. C’est à dire que dès qu’il franchissait le seuil de la maison, Ouistico s’allongeait par terre et se mettait à crier, à pleurer et à se taper la tête contre le sol. Nous n’avions qu’une heure de pause pour manger, et je mettais 3/4 d’heure pour le calmer. Puis nous mangions à la hâte en 10 minutes, lui à moitié en pleurs sur mes genoux. Et quand il fallait repartir pour aller chez la nounou, à l’école ou à un rendez-vous, c’était à nouveau la crise et les pleurs. A cette époque là, nous n’avions encore aucun outils pour nous aider et étions complètement démunis face à ces crises. Nous commencions tout juste les séances avec les différents professionnels. L’orthophoniste commençait à nous conseiller l’utilisation des pictos, mais je ne voyais pas trop comment les utiliser encore, ni quel était l’intérêt de les utiliser étant donné que Ouistico était verbal.
Au même moment, nous commencions les journées de formation sur l’autisme avec le CRA (Centre de Ressources Autisme) de la région. Une de ces journées portait sur la communication avec l’utilisation des pictogrammes. C’est en écoutant les témoignages des autres parents que j’ai compris que cet outil allait en fait vraiment pouvoir nous aider.
Dès que nous sommes rentrés de cette journée de formation, nous avons investis dans une plastifieuse et du velcro et j’ai cherché des pictos sur Internet. Je suis tout de suite tombée sur le logiciel PictoSelector qui propose des centaines de pictos gratuitement. Je vous mettrais le lien en commentaire de ce podcast.
Et j’ai réalisé une frise pour le midi dans laquelle j’ai mis 5 pictos. Le premier est « on rentre à la maison », le second « maman prépare le repas », le 3ème « on mange », le 4ème « on joue ensemble » et le 5ème « on part de la maison ». Je lui donnais cette frise à la sortie de l’école, dès qu’on était dans la voiture et je répétais à chaque fois le déroulement de la frise, picto par picto.
Au moment de partir, je lui montrais la photo de l’endroit où nous allions.
La première fois que je lui ai donné cette frise, je n’en revenais pas à quel point cela avait fonctionné ! Pour la 1ère fois depuis 4 mois, nous avons passé un midi sans pleurs et sans courir. Nous n’avons ensuite eu des crises le midi que très rarement, et elles étaient surtout dues à des événements négatifs qu’il avait vécu à l’école.
Cette frise toute simple avait calmé les angoisses de Ouistico par rapport à son emploi du temps. Cela nous a fait nous rendre compte qu’en fait il avait du mal à se repérer dans le temps. Et le fait de ne pas savoir la suite des événements était une source de stress importante pour lui.
Et lui expliquer à l’oral ne suffisait pas car ce n’était pas assez concret pour lui et surtout il n’arrivait pas à tout saisir.
Il y a une citation que j’aime beaucoup, qui vient de la marque LesPictogrammes, et qui dit « Une image vaut mille mots ». Je trouve que cette phrase est criante de vérité car l’information d’une image est tout de suite captée par le cerveau, contrairement à une phrase dite à l’oral.
J’ai un autre exemple que je peux vous donner et qui m’a toujours épatée. J’ai la chance d’assister aux séances d’orthophonie de Ouistico, ce qui me permet de reprendre le même travail à la maison et que Ouistico arrive à faire le lien entre les séances et la vie courante.
Ouistico est un garçon qui a énormément la bougeotte. Il n’est pas hyperactif mais a quand même des troubles d’hyperactivité. Et en séance, il lui arrive très souvent de se lever. L’orthophoniste a beau lui demander de se rasseoir, c’est comme s’il l’ignorait complètement. Mais à chaque fois qu’elle sort le picto « s’asseoir », il se rassied tout de suite et reste sur sa chaise.
Dans quels cas allez-vous pouvoir utiliser les pictos ?
Je dirais qu’il y a 4 situations dans lesquelles les pictos sont vous servir.
La première est pour l’élaboration de routines et d’emplois du temps. Par exemple une routine du matin, et/ou une routine du soir dans lesquels vous allez mettre des pictos tels que s’habiller ou se mettre en pyjama, se brosser les dents, ranger ses jouets, prendre le bain ou la douche, etc. Ces frises de routines vont permettre à votre enfant d’accomplir plusieurs tâches les unes à la suite des autres sans devoir les lui répéter une cinquantaine de fois et lui courir après.
Personnellement je le vois bien chez Ouistico. Si nous lui demandons oralement de faire plus de trois tâches les unes à la suite des autres, il va complètement se perdre et n’entendre par exemple que la dernière tâche et oublier les précédentes. Ou alors faire la 1ère, et ensuite faire autre chose que ce qu’on lui a demandé. Ca arrive très souvent qu’à la fin du repas on lui demande de débarrasser son pot de yaourt par exemple, d’aller se laver les mains et de se brosser les dents. Alors il va débarrasser son pot de yaourt, mais à la place de se laver les mains il va par exemple aller aux toilettes alors qu’il y était allé avant le repas.
Donc utiliser les pictos sous forme de routines peut permettre à l’enfant de travailler sur son autonomie, sur la permanence de la consigne, c’est à dire d’intégrer les habitudes du matin et du soir pour ensuite pouvoir les accomplir de façon autonome. D’ailleurs aujourd’hui, Ouistico n’a plus besoin de ces routines et est devenus quasi autonome le matin et le soir alors qu’il n’a que 7 ans. Nous avons juste besoin de lui dire oralement de se préparer et il enchaîne le reste tout seul. Non seulement l’enfant se sent valorisé dans ce qu’il fait, mais en plus cela est un soulagement pour nous en tant que parents qui pouvons vaquer à d’autres activités pendant ce temps de préparation. Alors bien sûr cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut plusieurs mois, voire plus d’un an pour que la routine s’installe et qu’elle soit intégrée. Puis selon si votre enfant a des troubles moteurs ou non, cela peut vraiment différer d’un enfant à un autre. Mais rien que d’accompagner son enfant avec les pictos, cela permet de vivre ces moments quotidiens avec beaucoup plus de sérénité et par conséquent être moins fatigué et sur les nerfs.
La 2ème situation dans laquelle les pictos vont vous servir va être dans l’élaboration de scénarios sociaux ou de fiches de règles à respecter. Sur le site, vous pourrez trouver comme exemple la fiche « j’ai besoin de me calmer » que vous pouvez télécharger et imprimer. Ici les pictos servent à indiquer les interdits lorsque l’enfant est en colère, comme « taper » ou « dire des mots méchants ». Ils servent aussi à donner des alternatives et des solutions pour aider à se calmer en cas de crises comme « me reposer » ou « courir » ou bien encore « faire un câlin ».
La 3ème situation va être quand vous avez besoin de signaler quelque chose d’important à votre enfant, ou de lui faire une demande ponctuelle. Dans ces cas là, vous allez sortir de votre classeur de pictos, un seul picto que vous montrerez à votre enfant. Par exemple, ça peut être pour lui annoncer un imprévu ou un changement dans l’emploi du temps. Si les imprévus sont difficiles à gérer pour votre enfant, le prévenir un peu à l’avance grâce à un picto peut être rassurant pour lui. Cela peut être aussi pour lui demander de faire silence parce que vous êtes par exemple au téléphone. Ou alors lui demander de rester assis comme dans l’exemple chez l’orthophoniste. Donc ici le picto va vraiment être un support de communication rapide et direct.
Cela est valable aussi dans l’autre sens, et c’est la 4ème situation. C’est à dire que c’est votre enfant qui va utiliser son classeur de pictos pour communiquer avec vous et par exemple vous faire une demande ou vous signaler que quelque chose ne va pas. Cela va énormément vous servir notamment si votre enfant est non verbal. Si c’est le cas, je ne peux que vous conseiller de vous orienter vers le Pecs, qui est un système de communication par échange d’images élaboré par un médecin et une orthophoniste aux Etats-Unis en 1985. Je ne peux pas trop vous en dire plus à ce sujet car nous n’en avons pas eu besoin avec Ouistico étant donné qu’il est verbal. Mais j’ai connu des parents qui l’utilisent avec leur enfant et qui en sont très contents. Si cela vous intéresse, je vous invite à vous rendre sur le site pecs-france.fr pour avoir toutes les informations à ce sujet.
Pour finir, voici quelques petits conseils pratiques sur l’utilisation des pictos.
- Pensez à bien écrire le mot sous chaque pictogramme. Cela permettra à chaque intervenant d’utiliser le même mot pour désigner une activité, un lieu ou un objet. De plus, c’est un premier pas vers la lecture pour votre enfant.
- Si vous utilisez des bandes velcro, privilégiez plutôt le côté doux sur les supports et le côté dur pour le dos des pictos. Cela évitera à l’enfant de se blesser ou d’abîmer ses vêtements.
- Plastifiez tous les pictos et supports afin de garantir une meilleure solidité et durée dans le temps.
Et c’est la fin de ce podcast à propos des pictogrammes. Je pense avoir fait un peu le tour, même si on pourrait donner encore des tas d’exemples dans lesquels les pictos ont leur place. Surtout n’hésitez pas à me partager vos expériences ou à m’écrire si vous avez des questions ! Je vous retrouve au prochain épisode dans lequel je vous parlerai des troubles sensoriels qui peuvent être présents chez une personne autiste et quelles solutions nous avons apportées à Ouistico pour l’aider à gérer ces troubles. A très bientôt !
Sources :
http://www.autisme-ressources-lr.fr/IMG/pdf/armande-perrier-supports-visuels-domicile-2012.pdf
https://pecs-france.fr/
https://www.lespictogrammes.com/
https://www.pictoselector.eu/fr/